Friday, July 07, 2006

Silence et larmes à Londres pour les victimes des attentats (REPORTAGE)

LONDRES, 7 juil 2006 (AFP) - "Vous êtes toujours dans nos pensées": avec des fleurs, des larmes, et deux émouvantes minutes de silence, les Britanniques ont rendu hommage vendredi aux victimes des attentats.
Aux alentours de King's Cross, l'une des plus importantes gares de Londres, les autobus rouges à impériale et les taxis noirs se figent brusquement dans la rue, à midi. Devant les fleurs qui s'amoncellent en hommage aux 52 morts et plus de 700 blessés des quatre attentats, un millier de personnes s'arrêtent pour se recueillir. A l'image des victimes, toutes les facettes de la société britanniques sont représentées: Blancs, Noirs, musulmans, chrétiens, jeunes, mères de famille, banquiers en costume et ouvriers de chantier... Ils ne se connaissent pas, mais l'émotion pousse certains à se donner la main. Les policiers, présents en nombre dans les transports en commun vendredi pour rassurer les voyageurs au premier anniversaire des attentats, enlèvent leur casque, pour signaler le début des deux minutes de silence.
Le calme soudain dans cette gare que traversent chaque jour 60.000 personnes contraste de manière frappante avec la confusion qui y règnait il y a un an. Sous le hurlement des sirènes, les services d'urgence avaient dû évacuer 340 blessés et des milliers de passagers totalement hébétés, coincés à 20 mètres sous terre dans un tunnel entre King's Cross et Russell Square. La bombe, déclenchée par un Britannique de 19 ans, père d'un jeune enfant, avait fait 26 morts. A la fin des deux minutes, submergés par l'émotion, certains éclatent en sanglots. "Aux innocents qui sont morts. Aux courageux qui ont sauvé nos vies. Aux blessés qui ont survécu. Et à nous tous qui pleurons. Et pourquoi? Pour une cause qui repose sur des mensonges. Demeurez en paix, mes amis", lit-on sur une des nombreuses cartes anonymes, attachée à un bouquet, parmi les photos, poèmes, messages déposés depuis le matin. "Je me suis dit que je devais prendre le métro parce que sinon, ce sont les terroristes qui gagnent. Mais je regardais autour de moi", explique Chris Rose, 20 ans.
A la station de métro d'Edgware Road, cible d'un attentat qui a fait 6 morts et 163 blessés, des gerbes de fleurs ont été déposées sur les quais. Pendant les deux minutes de silence, tout le monde se fige sur les escaliers: les employés, en uniforme orange, à gauche, les voyageurs à droite. Revivant les moments dramatiques qu'ils ont vécus, les employés du métro tombent dans les bras les uns des autres, d'autres pleurent.
A Regent's Park, toute la journée, le public a défilé pour déposer un oeillet violet dans une mosaïque géante en forme de fleur. "Je suis venu déposer une fleur car c'est très important de faire ce geste, ça compte beaucoup pour moi", raconte Andrew Garnett, 27 ans, qui travaille dans une maison d'édition. "Ce matin je me suis mis à pleurer, comme ça. Ca ne m'était jamais arrivé, je ne peux pas l'expliquer", confie-t-il à l'AFP.
Le silence est observé aussi à Wimbledon, à l'ouest de Londres, par 700 fans de tennis, qui attendent le début des matches retardés par la pluie.
Loin de la capitale, sur Tempest Road, dans le quartier pakistanais de Beeston à Leeds (nord), où a grandi Shahzad Tanweer, l'un des kamikazes, la vie quotidienne se poursuit. Personne ne semble remarquer que le reste du pays s'est arrêté.
rjm-clg-cac/bd

0 Comments:

Post a Comment

<< Home